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La mise en congé «volontaire» du D-G de Rawbank Thierry Taeymans ressemble à une brutale mise à l’écart

Le D-G belge de Rawbank Thierry Taeymans est en congé «volontaire», assure un communiqué officiel de la première banque commerciale du Congo.

Mis aux arrêts jeudi 12 mars dernier, il a été conduit à la prison centrale de Makala dès le lendemain peu avant midi après que le magistrat instructeur Alder Kisala du parquet général de Kinshasa-Matete ait signé un mandat de dépôt à son encontre.

Contrairement à deux autres expatriés toujours en prison - le Juif américain David Blattner de Safricas et le Libanais Jammal Samih de Samibo - le Belge a eu plus de chance en bénéficiant d'une libération conditionnelle vendredi 30 mars contre un chèque de Rawbank d'au moins 37 millions de $ de caution et le lendemain samedi, il a été accueilli en triomphe dans le hall du siège social de sa banque, dans le quartier chic de la Gombe, par du personnel congolais, chantant et dansant aux cris "Qui peut tuer Taeymans? Personne!", célébrant le retour à la maison du patron incarcéré.

Ces petits agents s'attendaient à ce que le patron belge regagne son poste deux jours plus tard lundi 23 mars mais le conseil d'administration de Rawbank réuni précipitamment dimanche 24 mars, a pris tout le monde de court en décidant de limoger Taeymans de son poste de D-G, a écrit le site POLITICO.CD.

«Pour faire face aux urgences de prise de décision liée à la gestion de la Banque dans cette période que connaît le monde suite à la propagation de la pandémie du COVID-19 avec des conséquences sur les plans Économique, Financier et Humanitaire, le Conseil d'administration réuni dimanche 22 mars 2020, a pris acte de cette demande (partir en congé, ndlr) et pour des raisons stratégiques, M. Mustafa Rawji assure les fonctions de Directeur général», écrit le communiqué adressé aux clients et partenaires et non à la presse, Rawbank ayant décidé de ne pas communiquer avec les médias sur ce dossier.

Fils de Mushtak Rawji, le fils aîné de la famille propriétaire de la banque, Mustafa, ancien de HSBC de Dubai où il a fait ses classes comme banquier, assurait depuis plusieurs années, les fonctions de D-GA à Rawbank et est connu pour son professionnalisme.

Il s'était ainsi placé en successeur naturel de son supérieur belge.

C'est donc entre des mains aussi expertes que celles de Taeymans, que Rawbank est désormais placée.

La question reste de savoir si le Conseil d'administration de la première banque commerciale du pays a, par son communiqué, voulu mettre la forme à ce qui ressemble fort à une brutale mise à l'écart après que le Belge se soit trouvé impliqué dans la mise à disposition d'importants fonds en plusieurs centaines de millions de dollars américains et, à plusieurs reprises, à des clients peu scrupuleux du Programme des 100 jours du Président de la République et certains ayant été placés sous sanctions du Trésor américain.

Étrangement, le communiqué du conseil d'administration de la banque ne dit pas si Thierry Taeymans qui possède des petites parts au capital de Rawbank, a pris part à cette réunion dominicale ou si Mustafa est un directeur général intérimaire.

Il paraît évident que Taeymans ayant bénéficié d'une «libération conditionnelle», il est d'usage dans le monde financier et bancaire que son image devenait peu bancable face aux clients et partenaires pour une banque qui bénéficie des crédits de nombre d'institutions financières inter-gouvernementales notamment la Banque Africaine de Développement, BAD. Selon des sources proches de Rawbank, dimanche, dans la minute qui a suivi le Conseil et après que la décision a été prise à l’unanimité d’évincer le D-G belge, le Président du Conseil d’administration, M. Mazhar Rawji a appelé lui-même Thierry Taeymans pour l’informer de la décision que venait de prendre le Conseil et qu’il lui était désormais interdit de se présenter à la banque. «Ce qui a littéralement terrassé le Belge» après le triomphe de la veille reçu des «Congolais naïfs et trop chaleureux». Il semble même que c’est scène dont des vidéos ont été diffusées en live qui aurait effarouché la banque, la «justice narguée» et des milieux politiques.

Il n'est pas d’ailleurs non plus impossible que la politique «outrée de ce comportement étrange de la part d’un banquier», ait fermement pesé dans ce dossier via la Banque Centrale quand le Trésori américain «veille désormais et surveille tout», selon nombre de cercles financiers, en voulant éloigner du circuit bancaire un «homme à l’image ternie». Il semble même que certains millions de dollars américains décaissés dans le cadre des travaux d’infrastructures des 100 jours aient participé au financement du terrorisme.


KENDELE KANGA.

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